Accusé de favoriser l’obésité, le goûter de 10 h est menacé dans les écoles alsaciennes. L’Agence régionale de santé recommande de le supprimer. Pourtant, il constitue souvent un moment pédagogique à part entière, notamment en maternelle. Petite vérification à l’heure de la récré, à l’école du Centre (Molsheim).
Photo DNA
Une moustache de chocolat jusqu’aux oreilles, des doigts qui collent et qu’on se fait un plaisir de lécher, pour ne pas perdre une seule miette de ce petit en-cas sucré. Pour les adultes que nous sommes devenus, le souvenir du goûter de 10 h est souvent une madeleine de Proust, un lien réconfortant vers la douceur de l’enfance (...)
« C’est presque le moment le plus important de la matinée »
Dans la classe bilingue de Véronique Geiger, on entonne même une comptine — en allemand — pour célébrer ce moment sacré. Rassemblés sur des bancs, les petits-moyens sont invités à faire le silence, avant de sortir chercher leur sac, pour déballer et manger leur collation, sagement assis à table. « En Alsace, le goûter est très institutionnalisé. On s’assoit, on déplie sa serviette, on prend le temps, on attend que tout le monde commence, on apprend les règles d’hygiène et de savoir-vivre. Ça s’inscrit dans la sociabilisation », rappelle la directrice de l’école du Centre, Agnès Yamaguchi. « C’est presque le moment le plus important de la matinée, c’est le goûter que maman a mis dans le sac, il y a un lien affectif », complète Véronique Geiger. Elle sensibilise également ses ouailles au tri des déchets, qui sont rassemblés au centre de la table.
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Une évolution depuis quelques années
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« Il y a quelques années, on voyait beaucoup plus de gâteaux achetés ; on assiste à une évolution depuis les campagnes qui incitent à manger équilibré. Les parents font plus attention, redonnent du pain — qui avait totalement disparu pendant plusieurs années — et des fruits. »
Malgré ces évolutions positives, la collation matinale a mauvaise réputation parmi les professionnels de santé, qui l’accusent de favoriser l’obésité et de déstructurer le rythme alimentaire (...)
Si cette pause sucrée peut sembler superflue pour les enfants qui ont déjeuné le matin, elle est en tout cas indispensable pour ceux qui ont sauté cette étape. « En général, quand un enfant me dit” j’ai faim” de bonne heure dans la matinée, c’est qu’il n’a pas pris de petit-déjeuner. Ceux-là ont besoin de manger à 10 h », constate Agnès Yamaguchi, qui a toujours quelques gâteaux en réserve en cas d’oublis, car il serait impensable qu’un enfant en soit privé.
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par Fanny Holveck, DNA 20 octobre 2013.
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