Au collège de Rosheim, la transmission du savoir ne passe pas que par les professeurs. Deux fois par semaine, les élèves s’entraident pour leurs devoirs. Quand ce sont les camarades qui expliquent, les leçons sont parfois mieux comprises.
« Qu’est-ce que la Renaissance ? - Une période de l’Histoire caractérisée par un renouvellement artistique et culturel ».
Ce dialogue n’est pas une interrogation orale entre un professeur et son élève. La question est posée par Lola, la réponse donnée par Sarah. Toutes les deux sont dans la même classe de 5e au collège de Rosheim. Chaque jeudi, à l’heure de la pause déjeuner, les deux copines se retrouvent dans une salle avec une trentaine d’autres élèves de tous niveaux, pour un atelier d’aide aux devoirs un peu particulier. Ici, ce n’est pas un enseignant qui donne les explications, mais les collégiens eux-mêmes. La séance est encadrée par Dominique Wunderlich. Pour l’occasion, celle-ci laisse de côté sa casquette de professeur de religion et ne fait que superviser discrètement les participants, qui pratiquent l’autodiscipline.
« On s’intéresse plus à la leçon si c’est une copine qui en parle »
L’enseignante a mis en place il y a une douzaine d’années ce « projet imaginé par des élèves de 6e qui souhaitaient partager leurs savoirs. Il y a ici des valeurs de solidarité, de partage et de respect mutuel. Il s’agit de dépasser la notion de concurrence et de s’ouvrir à la coopération ».
Une coopération qui se fait entièrement sur la base du volontariat : les élèves viennent de leur propre initiative, accompagnés d’un camarade de leur choix, pas forcément de leur âge, qu’ils estiment capable de les aider sur un point particulier ou sur le long cours. Sarah avoue sans gêne avoir « des petites difficultés un peu partout ». Elle a sollicité l’aide de son amie Lola pour l’aider à apprendre. « Elle fait la prof, elle me fait réciter, ça m’aide beaucoup. Et puis, on s’intéresse plus à la leçon si c’est une copine qui en parle », glisse-t-elle dans un large sourire.
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Un peu plus loin, un autre groupe de filles, plus âgées, travaille en silence. Ici, on vient surtout pour « prendre de l’avance sur les devoirs ». Clémence, en 3e , a apporté lors de la dernière séance ses connaissances en français à une fille de 6e. « C’est valorisant de savoir qu’on peut aider, on ne bosse pas que pour nous. »
Des valeurs mises en avant par le principal de l’établissement, Frédéric Hubert, qui décrit « un système où tout le monde s’y retrouve : les bons élèves sont reconnus comme tels et ceux qui ont des difficultés sont décomplexés ».
Une auberge espagnole
D’autant que les rôles ne sont pas figés, comme le rappelle Dominique Wunderlich : « Il n’y a pas d’un côté ceux qui donnent et de l’autre ceux qui reçoivent. Tout le monde peut apporter un savoir à un moment où à un autre. »
Le principal le reconnaît, certains élèves passent à travers les mailles, n’osant pas forcément assumer leurs difficultés. Quant à ceux qui sont en échec scolaire, l’atelier ne constitue certes pas une réponse suffisante, mais peut-être un premier pas vers la recherche d’une aide extérieure.
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DNA par Fanny Holveck,
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